Le 3 novembre 2022, la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF) a présenté un webinaire sur le déroulement du processus de rédaction pour la proposition d’une nouvelle constitution pour le Chili. Cet article se veut un bref compte-rendu de cette rencontre.
Tout en traçant un portrait du contexte politique dans lequel évoluait cette rédaction, nous avons mis en évidence l’apport des féministes dans ce processus. La Constituante en charge de cette rédaction était constituée en parité hommes-femmes, 17 sièges étaient réservés à des représentant·e·s des peuples autochtones et toutes les composantes sociales, culturelles et politiques du pays étaient représentées. La proposition de constitution qui a été retenue au final représentait le modèle le plus progressiste du monde en matière d’égalité et de diversité.
Lors de ce Webinaire deux militantes chiliennes de la MMF nous ont présenté leurs luttes passées, la situation du moment et les actions à venir. Il s’agit de :
- Mónica Hormazábal, née et élevée à la campagne dans l'amour et la sagesse de sa grand-mère maternelle. Monica est toujours demeurée ancrée dans la vie paysanne à titre de dirigeante sociale et politique. Elle est l’ancienne présidente d'Anamuri. Agricultrice de la commune de El Carmen dans la région de Ñuble, elle agit comme responsable inter-régional du Centre de l'association nationale des femmes rurales et indigènes (Anamuri).
- Mafalda Galdames Castro (MMF) enseignante, née à Santiago, habite actuellement le littoral des Poétas. De manière autodidacte, elle a commencé à écrire dans les années sombres du Chili. Mafalda participe activement aux ateliers d'échafaudage poétique (Andamios) portant ainsi sa parole dans des espaces culturels. Membre fondatrice d'Anamuri et de la Marche mondiale des femmes du Chili, elle est actuellement secrétaire générale et responsable pédagogique de IALA Semeurs d'espoir.
Nos deux invitées ont fait état des importantes mobilisations qui ont obligé le gouvernement à accepter la rédaction d'une nouvelle constitution. Puis, elles ont présenté le travail de mobilisation effectué par les organisations pour influencer le contenu de cette nouvelle constitution.
Les féministes chiliennes ont fait entendre leur voix et leurs revendications dans cette période historique, notamment à propos de l’avortement, de la parité homme-femme, des violences sexuelles et de la rémunération des tâches domestiques. Le slogan mis de l’avant par les groupes féministes pour fédérer toutes leurs revendications c’était «Plus jamais sans nous».
La proposition finale de constitution exigeait la parité totale pour les postes gouvernementaux, entérinait l’accès à l’avortement comme un droit humain fondamental et insistait également sur l’accès à l’éducation, à la santé et au logement.
Malheureusement, en septembre 2022, la nouvelle constitution proposée a été rejetée par une large majorité de 62 % des suffrages exprimés.
Dans la déclaration de la MMF du Chili à la suite à ce résultat, on peut lire :
« Aujourd'hui, notre devise a plus de sens que jamais, nous continuerons à résister, à nous battre et à construire une communauté. »
Nous continuerons à articuler et tisser des réseaux qui suscitent des alternatives pour le bien vivre, pour la défense de la vie, de nos corps et de nos territoires.
Nous continuons et nous continuerons selon les mots de notre collègue Miriam Nobre :
« Nous sommes certaines que la seule possibilité de réaliser notre rêve est de vaincre le capitalisme raciste et patriarcal !
Nous résistons pour vivre, nous marchons pour transformer
Note :
(ANAMURI) Association nationale des femmes rurales et indigènes, organisation civile chilienne autonome composée seulement de femmes. Fondée en 1998, sa mission est d'organiser et promouvoir le développement des femmes rurales et indigènes du Chili. Aujourd’hui, elles comptent plus de 6800 membres. ANAMURI fait partie de la coordination latino-américaine des organisations paysannes et de Via Campesina.
Emilia Castro
20 janvier 2023