24 avril 2025
Le 24 avril 2013, l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh a tué plus de 1 100 personnes, majoritairement des femmes, en a blessé des milliers d’autres et mis en lumière les conditions de travail inhumaines imposées par les grandes entreprises transnationales. Cette tragédie nous rappelle que les femmes subissent de plein fouet les effets d’un modèle économique archaïque qui place le profit au-dessus de toute considération humaine et de l’environnement. Ce système engendre des violences systémiques : exploitation de la main-d'œuvre, destruction des écosystèmes, violation des droits fondamentaux.
Chaque 24 avril, la Journée de solidarité féministe contre les entreprises transnationales est l’occasion de dénoncer ces injustices, en mémoire des personnes décédées au Rana Plaza.
Au Québec, les militantes de la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF) rappellent que ces violences perdurent, sous diverses formes : conditions de travail précaires, accaparement des ressources, pollution des territoires — particulièrement ceux des communautés autochtones — et absence de reddition de comptes des grandes entreprises.
Les femmes sont en première ligne des crises environnementales en subissant les conséquences de manière disproportionnée. C’est pourquoi notre féminisme est résolument écologique. Nous exigeons un environnement sain, une justice climatique et sociale, ainsi qu’une transition juste qui respecte les droits de toutes et de tous, sans laisser personne derrière.
Dans le contexte actuel de campagne électorale fédérale, nous lançons un appel urgent à toutes et tous : où sont les engagements en matière de justice environnementale et sociale? Alors que la planète vit une crise climatique sans précédent, les enjeux environnementaux sont relégués aux marges du débat, noyés dans les discours sur les baisses de taxes, l'inflation, les tarifs et surtout d’une relance économique qui oblitère les mises en garde scientifiques sur l’exploitation de nos ressources et qui, à terme, exacerbera les crises sociales et environnementales.
Une relance économique où la tarification du carbone recule, avec son abolition envisagée pour les consommateurs, et même la possibilité d’éliminer le prix du carbone pour l’industrie, favorisant ainsi les grands pollueurs. Une relance économique où les projets pétroliers et gaziers refont surface. Une relance économique où les cibles climatiques sont floues ou carrément absentes, et où l’on semble refuser de reconnaître, consciemment ou inconsciemment, la responsabilité humaine dans les changements climatiques, et ce, allant jusqu’à proposer le retrait du Canada de l’Accord de Paris.
Nous exigeons que nos choix d’une société respectueuse et nos valeurs féministes soient pris au sérieux et que l’on cesse la promotion d’un développement économique qui exploite le travail des femmes et l’environnement. Cela implique de dire non à l’exploration et l’exploitation pétrolière et gazière sur le territoire québécois. Cela implique aussi de mettre fin aux subventions des énergies fossiles, encore défendu directement ou indirectement par l’inaction. Cela implique de penser à l’avenir avec un projet et une vision de société digne pour les prochaines générations.
Et cette lutte prendra la rue. Le 18 octobre prochain, lors de la 6e action de la Marche mondiale des femmes 2025, des milliers de féministes marcheront dans les rues de Québec -et partout dans le monde- pour dénoncer tous les enjeux qui touchent les femmes : le droit des femmes de vivre en paix et en sécurité, l’accès aux services publics gratuits et de qualité, le droit de décider pour nous-mêmes, un revenu décent et des conditions de travail sécuritaires, un environnement sain.
À toutes les électrices et tous les électeurs : interrogez les partis, lisez leurs plateformes, posez des questions. Refusez le silence. Notre avenir, et celui de nos enfants en dépend.
Et à toutes les femmes du monde qui luttent encore pour leur dignité et leurs droits : vous n’êtes pas seules.
En solidarité,
Julie Antoine, Coalition féministe contre la violence envers les femmes et porte-parole de la Marche mondiale des femmes 2025 au Québec
Emilia Castro du Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale et porte-parole de la Marche mondiale des femmes 2025 au Québec
Pénélope Guay, Maison communautaire Missinak et porte-parole de la Marche mondiale des femmes 2025 au Québec